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16 juin 2011 4 16 /06 /juin /2011 14:43
     
ERIC BAHLOO :
  
 
«L’affaire DSK me fait penser à celle de Gaëtan Duval en 1989»
 

L’affaire Dominique Strauss-Khan (DSK) a provoqué une onde de choc dans le monde et en France où résident de nombreux Mauriciens. Eric Bahloo est dans une situation privilégiée pour commenter la situation. Son père n’est autre qu’Ignace Bahloo, agent du PMSD dans les années 70 et impliqué dans le meurtre d’Azor Adélaïde, activiste du MMM. Responsable juridique et comp table pour une société anglaise basée en France, il nous confi e que l’affaire DSK lui fait penser à celle de Gaëtan Duval dans le cadre de la réouverture de l’enquête sur l’assassinat d’Azor Adélaïde en 1989. 

Eric Bahloo, quel regard portez-vous sur l’affaire DSK ?

L’affaire DSK me fait penser à celle de Gaëtan Duval dans le cadre de la réouverture, en 1989, de l’enquête sur l’assassinat d’Azor Adélaïde, agent du MMM tué en 1971. C’est complètement surréaliste ! On imagine mal le premier banquier de la planète sur le banc des accusés. De même qu’on imaginait mal à l’époque, un Queen’s Counsel et chevalier de la reine dans le box. 

Comment expliquez-vous cette « mise à mort médiatique » comme l’a affi rmé Robert Badinter sur France Inte
r?

La presse est utilisée par toutes les personnalités, mais elle ne fait aujourd’hui que se servir aussi. C’est le retour de manivelle ou la rançon de la gloire ! DSK est une personnalité mondialement connue, un homme politique de premier plan et était le candidat potentiel du PS à la présidence. Mais on peut facilement comprendre la réaction de Robert Badinter étant donné sa fi liation politique. 

« Je ne retiens aucune évolution positive de la politique mauricienne, on voit les mêmes choses depuis toujours. C’est la même rengaine. Maurice a tous les attirails d’une démocratie, mais n’en est pas une. » 


Croyez-vous à la thèse du complot comme l’affi rme la majorité des Français dans un sondage publié mercredi dernier ?

En effet, selon un sondage, 57 % des Français accréditeraient la thèse du complot. C’est une réaction un peu normale face à l’adversité dans laquelle se retrouve l’un des leurs. Personnellement, je n’y crois pas du tout, et je préfère attendre la conclusion de l’enquête. Je crois au principe de la présomption d’innocence. 

Que va-t-il se passer au Parti socialiste avec cette affaire ?


Le PS va diffi cilement se relever de cet épisode et reste, à ce jour, en dépit des réactions de Martine Aubry, la première secrétaire, et les autres cadres du parti, complètement groggy et abasourdis. 

Selon vous, qui au PS et à l’UMP ou encore chez Marine Le Pen, peut bénéfi cier de l’affaire DSK ? Une telle affaire aurait-elle eu la même répercussion en France ?

Je ne vois qu’un seul homme au PS qui soit capable de bénéfi cier du malheur de DSK, François Hollande. Il en a l’envie et la capacité. François Mitterrand disait d’ailleurs que « la victoire doit être donnée à celui qui en a le plus envie ». Accessoirement, Marine Le Pen pourrait en faire son beurre. Je la vois au 2e tour face à Hollande. 

Une telle affaire aurait-elle eu la même répercussion en France ?


Non pas vraiment, ici les moeurs sont différentes, mais cela n’empêche qu’en cas d’agression sexuelle avérée, la loi s’appliquerait - sur le fond - aussi bien en France qu’elle le serait ailleurs, s’agissant de pays démocratiques bien sûr. Sur la forme, depuis la loi Guigou de 2000, on n’a plus le droit de voir des mises en examen menottées dans la presse, sauf accord de leur part. 

Vous suivez l’actualité politique mauricienne. Que retenez-vous de son évolution ?

Je ne retiens aucune évolution positive de la politique mauricienne, on voit les mêmes choses depuis toujours. C’est la même rengaine. Maurice a tous les attirails d’une démocratie, mais n’en est pas une. La dynastie en place ne cédera pas sa place de sitôt. Il n’y a jamais eu de vrais débats politiques télévisés à Maurice. 

Comment voulez-vous qu’un directeur de télé invite un gars comme moi ou un autre citoyen capable de poser de véritables questions au Premier ministre ou au leader de l’opposition ? Heureusement qu’il y a la presse écrite et les radios privées. 

Que pensez-vous des débats sur les réformes électorales ?


Ces débats sont récurrents à Maurice, c’est un peu comme ceux sur le métro léger ou autres artifi ces pour détourner l’attention de la population. Je me souviens d’avoir écrit un article en janvier 1999 sur les fameuses « tables rondes ». Je suis convaincu qu’elles sont toutes « ovales » maintenant ! 

Où en est votre combat au sein de Solidarité mauricienne pour le droit de vote des Mauriciens vivant à l’étranger ?


Je ne fais plus partie de Solidarité mauricienne depuis 2005 à l’issue de ma participation aux élections législatives en tant qu’indépendant au no 17. Je ne crois plus à une possible réforme venant de cette dynastie en place. La réforme ne viendra que de la rue. C’est clair. Après Ramgoolam, il y aura Jugnauth, et Jugnauth mettra son fi ls, etc. 

La diaspora mauricienne établie en France et ailleurs peut-elle apporter une contribution au développement de l’île Maurice ?

La diaspora a toujours contribué de manière indirecte à travers tout l’argent envoyé à la famille restée au pays par exemple. C’est un fait indéniable. C’est donc une façon de contribuer au développement du pays, aussi modeste soit elle. Il y a également le revers de la médaille. Certains Mauriciens, et c’est une infi me minorité dont le gouvernement détient les noms, envoient de la drogue et de l’argent sale au pays. Ceuxlà sont des criminels qu’il faut combattre à tout prix. Et c’est la responsabilité du gouvernement. 

Que pensez-vous du grand débat sur le confl it presse/pouvoir à Maurice ?

Ce confl it n’est que le symptôme du rétrécissement démocratique ambiant. La presse étant l’un des piliers les plus fi ables à Maurice, le régime supporte mal ce contre-pouvoir. Lorsque la presse va dans le sens du poil du régime, ça va, mais lorsqu’elle fait son travail en contredisant celui-ci, il s’énerve et montre ses dents.

Le mot de la fi n ?

Le peuple mauricien en a sûrement assez de ces passe-droits et autres gaspillages faits au vu et au su de tous, par ceux en place et ceux qui attendent leur tour dans l’opposition. Mais il tarde à réagir du fait qu’il n’a pas encore de canon sur la tempe. Un jour il réagira de manière spontanée. 

E. Julien

Source : Le Dimanche
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